Paranoïa, sexe et mensonges - Volet 1 : le genre
Paranoïa, sexe et mensonges : le « mauvais genre de la paranoïa »
Ou le règne de l’indifférencié - Volet 1
"Quod petis, est nusquam ; quod amas, avertere, perdes !
Ista repercussae, quam cernis, imaginis umbra est"
"Ce que tu désires n'est nulle part ; détourne-toi, tu perdras
ce que tu aimes ! Cette ombre que tu vois est le reflet de ton image..."
Ovide, Narcisse, Métamorphoses III.
J’ai mis beaucoup de temps à écrire cette brève, premièrement, parce que le sujet est très polémique et sidérant, ensuite car des informations me sont arrivées durant ce mois de septembre, informations essentielles sur le projet paranoïaque, et enfin, parce que tout est aujourd’hui mélangé, et qu’il est long de défaire la pelote : confusion entre la lutte contre les violences, l’interdiction de discriminer, le genre, le sexe, la santé, l’amour, la sexualité, le couple, la famille, la généalogie, l’homosexualité, la pédocriminalité etc.
Le titre de cette brève est « paranoïa, sexe et mensonges : le « mauvais genre de la paranoïa » ».
Elle se dépliera en trois volets sur les prochains mois.
Je voudrais penser avec vous, en conscience, le rapport de la paranoïa à la sexualité, à cette nouvelle propagande du « genre », en lien avec l’aliénation des masses dans la privation de l’intime et l’avènement du monstrueux.
Petit rappel définitionnel, en préambule...
La paranoïa est une psychose, fondée sur le délire interprétatif, la projection et le contrôle.
Appelée « folie raisonnante » par les psychiatres Sérieux et Capgras au début du XXe siècle, cette folie piège : elle présente l’apparence de la raison, de la logique, du discours argumenté.
Le paranoïaque organise un délire de persécution, fondé sur l’interprétation négative des signes, des gestes, de tout ce qui lui paraît étrange.
« Je suis victime d’une machination » dira le paranoïaque. Il persécutera donc ceux qu’il aura désignés comme ses propres persécuteurs, sur fond de mythomanie et de mégalomanie (« cette personne est très dangereuse, elle a fait des méfaits très grave il faut l’éliminer… »).
Niant le passé, l’altérité, la différence sexuée, la paranoïa désigne des boucs émissaires à abattre, divise le collectif, espionne, supprime tout droit à l’intime et à la subjectivité.
La paranoïa est un système clos qui prêche paradoxalement que c'est pour le bien de l'autre, l'empêchant ainsi de se défendre et le sidérant psychiquement. Elle se nourrit de la haine et de la manipulation érotisée des institutions, et notamment, de l’institution judiciaire. Tout est organisé autour du complot supposé d’autrui à son encontre, alors qu’en réalité, c’est bien le paranoïaque qui crée sans arrêt de nouveaux complots dont il attribuera l’origine à d’autres, ce qui justifiera des interventions supposées de « légitimes défenses ».
Ainsi, la paranoïa est bien la pathologie maîtresse du totalitarisme et du harcèlement.
La perversion est une pathologie du narcissisme, qui instrumentalise à son propre intérêt. Utilisant autrui comme un objet, la perversion le jette quand elle n’en a plus besoin. La perversion signifie, étymologiquement, ce qui est détourné de son but. La perversion veut dire, ni plus ni moins, au niveau psychopathologique, ce qui détourne la sexualité de son but. Ainsi, le pervers nie que la sexualité soit œuvre créatrice et fécondatrice, nie l’altérité de l’autre sexe, l’entièreté de l’autre, qui est alors réduit à n’être qu’un instrument ou une fonction, parcellisé en « pied » ou en « cheveux » (fétichisme).
La négation de l’altérité concerne également la différence des sexes, le féminin étant, la plupart du temps, méprisé, broyé, humilié, diminué. La jouissance obtenue n’est ni partagée ni créatrice pour chacun : elle est sadique et destructrice. Le pervers prend tout et ne partage pas. Il capture ce qui est sain et constructif, pour le dévier, le détourner, le salir et le détruire.
La perversion est l’exécutante consciencieuse et habile de la folie paranoïaque. Le paranoïaque définit la stratégie, quand le pervers déploie la tactique.
Tandis qu’Hitler était paranoïaque, les industriels et financiers collaborant au projet nazi relevaient de la perversion. Les régimes paranoïaques sont impérialistes, guerriers, mensongers. Ils nient l’origine, s’auto-engendrent, mutilent les connaissances en « utiles » et « inutiles », divisent le peuple, ne vouent plus aucun respect aux Anciens, et sont fondés sur une sophistique paranoïaque. Les profils pervers les aident à accomplir leur entreprise de conquête et de destruction.
Ces pathologies avancent à visage masqué dans les familles, les institutions et les Etats, d’une part car elles sont expertes en manipulation, d’autre part car la paranoïa infiltre des idéologies délirantes qui ne seront conscientisées (lorsqu’elles le seront), par ceux qui les subissent, que de nombreuses années après, une fois sortis de l’aliénation délirante qui contamine les collectifs.
C’est le même principe que dans les sectes ou les divers fanatismes : lorsque l’on est immergé dedans, l’on ne s’en rend guère compte…
Le projet paranoïaque
Quel est le projet politique de la psychose paranoïaque ?
Il est totalitaire : asservir les masses.
La perversion quant à elle a le désir de « jouir sans entrave », et en cela, sert le projet paranoïaque, car si tout le monde est occupé au sexe, à la jouissance immédiate, si possible, avec confusion, absence de limites, partenaires multiples, échangisme, pornographie, pédophilie, zoophilie, scatologie et sadisme, il est peu probable que le projet paranoïaque rencontre une résistance structurée et solide, ni la moindre conscience, lorsque la perversion a opéré un travail de sape antérieur.
D’où l’importance pour nous de penser le plus clairement et le plus juste possible.
Emprise ou aliénation ?
Le paranoïaque n’est pas vraiment dans l’emprise, car dans l’emprise, il faut reconnaître un minimum l’existence de l’autre, pour ambitionner de le dominer.
Le paranoïaque est dans l’aliénation : l’autre doit s’aliéner à sa façon de relire, recréer le réel dans son délire.
C’est plus grave, et c’est important de faire la distinction.
La perversion ouvre la porte à la transgression paranoïaque, qui est totale.
L’emprise est un adjuvant pervers de la contagion délirante qui vise à nier toute subjectivité et toute existence différenciée.
L’aliénation se remarque au fait que lorsque l’on émet des nuances, lorsque l’on désire débattre et penser, l’on est tout de suite stigmatisé comme « méchant » (« intolérant », « fasciste », « extrême-droite », « idéologue » etc., pour reprendre des termes d’actualité).
Le « genre »
De quoi est faite la propagande depuis quelques années ?
De l’idéologie du genre.
Je parle d’idéologie car il s’agit d’une croyance (pour le moins douteuse) érigée en vérité.
Je rappelle que l’idéologie est du ressort du délire paranoïaque, et que la paranoïa, en tant que « folie raisonnante », détourne les règles du raisonnement logique.
Voilà un sujet qui fait polémique.
Et comme tout sujet qui fait polémique, c’est-à-dire, étymologiquement, crée la guerre des idées et la guerre des mots, il doit être suspecté de receler de la sophistique paranoïaque.
« La marque de fabrique du délire paranoïaque est surtout le détournement des règles du raisonnement logique pour interpréter le monde sous l’angle de la persécution. Cette apparente cohérence confère force de conviction et pouvoir de contamination. En cela, la sophistique est bien une compétence paranoïaque à détourner l’essence même du langage. D’ailleurs, le paranoïaque déplace tous les débats scientifiques, historiques, sociétaux etc. vers le champ rhétorique et politique (ex. : des questions d’historiens deviennent des questions politiques) où il pourra faire valoir toutes les manœuvres manipulatoires du langage, loin des discussions entre véritables chercheurs (d’où le danger très net, en France, d’avoir autorisé à ce que basculent dans le champ politique des questions relevant de la science, de l’histoire, de l’expertise, de la recherche)… »
Bilheran, A. 2016. Psychopathologie de la paranoïa, Paris, Armand Colin.
Ce thème du « genre », qui fait partie d’un soi-disant « débat de société » qui a confisqué la parole aux experts et aux chercheurs pour faire intervenir des pseudo-rhéteurs, qui ne débattent que sur les émotions et les passions, va nous permettre d’aborder une question qui divise, attise les haines, et se traite d’une manière assurément clivée donc, psychotique.
Le clivage, c’est lorsque deux parties d’un psychisme (individuel ou collectif) se dissocient au point de ne plus pouvoir dialoguer entre elles, et d’être dans la haine mutuelle.
Les Pro et Anti-Genres, et ceux qui n'y comprennent plus rien...
Ainsi a-t-on les « pro-genres », ceux qui pensent qu’il faut laisser le choix du sexe selon son ressenti, que la liberté la plus fondamentale est de pouvoir choisir son identité sexuelle jusqu’à changer de sexe dans la matière par des opérations, et devenir parfois un mixte d’homme et de femme, au sens littéral.
C’est aussi ceux qui pensent que la violence est induite par des rapports de genre où la domination masculine domine du fait des représentations sexuelles et des places de l’homme et de la femme dans la société, et que la seule solution est de déconstruire les rapports « genrés » pour prévenir la violence ! Certains chercheurs universitaires renommés français vont même jusqu’à dire qu’il faut interdire tous les sports de combats qui sont à l’origine d’un maintien de la violence dans la société, niant par là-même tout le travail psychique d’apprivoisement pulsionnel au travers du sport qui, ne l’oublions pas, est un jeu, contrairement à la véritable violence qui ne joue pas.
Mais ce mouvement est très confus, et peu défini, ce qui sert bien sûr les intérêts de la propagande paranoïaque, car l’on y trouvera dedans des gens défendant les luttes contre la violence, les maltraitances sexistes etc.
De l’autre côté, l’on a les « anti-genres », qui sont souvent dénoncés par les premiers comme extrémistes, homophobes, faschistes, masculinistes, et violents, et parfois le sont, effectivement, avec des problématiques dans certains cas d’homophobie avérée et de réactions extrêmement violentes, confortant les premiers dans leur hypothèse qu’ils sont discriminés et persécutés pour ceux qu’ils choisissent d’être. Là encore, le mouvement est très confus, et l’on y retrouvera des gens tout à la fois défendant des valeurs fondamentales de respect du vivant comme de violents homophobes.
Donc, soit l'on est du coté de l’opposition à une appartenance sexuelle, soit l'on est "masculiniste", or les deux clans se rejoignent dans le refus de l'altérité sexuée !
De toute façon, personne ne sait clairement définir « le genre », à part comme fonction grammaticale (cf. infra), ce qui là encore relève de la sophistique paranoïaque car l’interprétation est laissée à chacun de projeter ce qu’il veut dans le concept.
Et bien sûr, comme à chaque fois qu’il y a la présence de processus psychiques paranoïaques, il y a risque de désagrégation individuelle et collective, d’où l’intensité et la violence des réactions face à l’évocation du « genre », comme en témoignent, encore, les dernières sorties de la ministre de l’Education contre le Pape qu’elle accuse d’idéologie, sans voir qu’elle-même est également prise dans ce mécanisme de l’idéologie.
Cette question du « genre » soulève la dialectique philosophique de la nature et de la culture, développée infra.
Je rappelle que la paranoïa est la pathologie de la négation des sexes, ou plutôt, du « no-limit », c’est-à-dire que le paranoïaque se prend tout à la fois pour un homme et une femme, et pour Dieu, qu’il désire remplacer dans son pouvoir créateur. Le Cas Schreber, cas le plus célèbre de paranoïa dans la littérature psychopathologique avec le cas Aimée, en est la plus parfaite illustration. La paranoïa est la pathologie de la confusion sexuée.
Le paranoïaque nie les lois spirituelles de la nature et prône la négation des origines (de la généalogie), l’auto-engendrement (il est né de nulle part et auto-engendre de nulle part) et se prend tout à la fois pour le père et la mère, pour l’homme et la femme. En psychiatrie, c’est une pathologie dangereuse étudiée depuis fort longtemps… Et bien sûr, le paranoïaque, dès qu’il est mis en question, se dit persécuté et n’hésite pas à saisir les tribunaux pour défendre ses supposés droits alors qu’il ne supporte pas la moindre contestation, tout en exerçant des représailles sur ceux qui ne souscrivent pas à son délire.
D’ailleurs, la paranoïa ne cesse de revendiquer des droits, tout en se dédouanant de ses devoirs.
Elle est toujours victime.
Jamais coupable.
Se dit toujours discriminée.
Revendique toujours davantage de droits. De possession sur autrui.
Abolit la vie psychique.
Parvient à créer l’empathie chez ceux qu’elle persécutera ensuite.
Et tout ceci, avec une sophistique qui en perd plus d’un, des effets de comparaisons, de métonymies et d’analogies illégitimes qui entraînent de graves confusions dans le raisonnement.
Le genre et la grammaire
Revenons au « genre », en matière de sophistique.
En préambule, je pense utile de rappeler que le genre est un terme grammatical pour désigner le masculin et le féminin.
« La lune » est féminin, « le soleil » est masculin.
« La perceuse » est féminin, « le clou » est masculin.
« La voiture » est féminin, « le sein » est masculin.
Nous pouvons le voir d’emblée, la langue n’est pas particulièrement sexiste…
Elle est le fruit d’une histoire, d’une évolution des mots.
Dans certaines langues, il existe le genre neutre, pour désigner des fonctions.
C’est ainsi qu’en latin le neutre désigne des métiers, des fonctions, des postes qui peuvent tout à la fois être occupés par des hommes et des femmes. Le genre, c’est cela.
Alors, aujourd’hui, depuis quelques années, récentes, l’on réduit l’être humain à une fonction grammaticale, au mépris total de la vie psychique et de sa complexité.
Ce que je dis est profondément intense et signifiant : réduire le sujet humain à une fonction est toute l’ambition du projet paranoïaque, dont l’on voit les effets dans les entreprises. Et la perversion consiste à dire que c’est… un progrès !
L’on va pouvoir choisir sa « fonction » (masculin, féminin, neutre) et s’y réduire, sur le plan de l’identité sexuelle.
Voilà en quoi consiste, réellement, la « théorie du genre », si tant est qu’il s’agisse d’une théorie, tant elle n’est pas étayée sur le plan conceptuel.
Mais, et comme le délire paranoïaque sait bien le faire, tout est mélangé, la population finit par croire qu’en défendant « la théorie du genre », elle défend la lutte contre les discriminations et contre les violences faites aux homosexuels.
C’est délirant, au sens propre, et je vais m’en expliquer.
Discrimination
Parlons déjà de la sophistique paranoïaque sur le terme « discrimination ».
Je crois essentiel aujourd’hui de revenir au sens des mots.
Je lisais un article d’un pseudo-linguiste maître de conférences qui critiquait la philosophe Sylviane Agacinski, en lui opposant que le langage ne revêtirait pas seulement une fonction référentielle mais créerait surtout des liens sociaux.
Faut-il rappeler à un universitaire linguiste :
- Que l’universel (celui de l’université, précisément) ne se construit qu’autour de la fonction référentielle du langage ?
- Autrement dit, que si nous ne nommons pas la même chose, nous ne communiquons plus, d’où l’importance de nommer juste ?
- Et qu’il n’y a aucun lien social qui ne puisse s’organiser si le langage n’a pas cette fonction référentielle ?
- Et que si, malgré tout, du lien social s’organise dans le langage, en contredisant voire en niant le principe de réalité, cela s’appelle une contagion délirante ?
Il existe un principe de réalité.
L’être humain naît fille ou garçon.
C’est sa première identité à la maternité.
Celle qui est nommée, avant même, la plupart du temps, que l’on nomme son prénom.
Nier cela, nier le principe de réalité, c’est : fou.
Alors, l’on entend souvent la phrase de la philosophe normalienne Simone de Beauvoir, laquelle est bien détournée dans sa pensée, sans aucun scrupule, « on ne naît pas femme, on le devient ».
On ne naît pas femme, heureusement, on naît fille. Et l’on doit devenir femme… au terme d’un lent processus, souvent douloureux, de maturation biologique, psychique, émotionnelle, et de confrontation aux maltraitances que subissent, de façon plus ou moins évidente et visibles, les femmes du monde entier, pour être femmes, c’est-à-dire pour incarner l’altérité.
Avec le genre, il n’y a plus d’altérité, radicale, profonde, car l’on peut choisir d’être l’autre radical, justement celui auquel l’on n’a pas accès, de par sa propre finitude, pour pouvoir construire psychiquement le chemin essentiel de l’altérité.
En ayant désormais le luxe d’être l’autre, l’on ne se confronte plus à son énigme, à l’absence, et au manque.
Mais, avec ces sophistes, il est impossible de discuter : le débat tourne en polémique, votre pensée est détournée, simplifiée, castrée, amalgamée, la partie est prise pour le tout, et le tout pris pour la partie, voire même, comme je l’ai vu récemment dans une situation professionnelle, carrément déniée (en fait, vous parlez mais comme Echo dans le mythe face à Narcisse : cela n’arrive pas aux oreilles de votre interlocuteur).
"Echo et Narcisse", Nicolas Poussin.
La paranoïa crée sa propre Loi, et l’impose… en persécutant tous ceux qui n’y souscrivent pas.
La paranoïa chérit la valeur performative du langage, pour nommer le contraire de ce qui est.
Elle nomme l’obscurité « lumière », la guerre « paix », l’anarchie ou le totalitarisme « liberté ».
Elle nomme la fille « garçon », et le garçon « fille ».
Donc, parlons de la discrimination.
Que veut dire discrimination ?
Le fait que ce terme même soit inscrit dans le Code Pénal montre déjà un grave glissement sémantique, et je l’ai réalisé il y a peu.
Discriminer signifie, étymologiquement, juger en faisant des distinctions.
Discriminer est essentiel pour ne pas tout confondre.
Discriminer c’est dire que le bébé qui naît avec un pénis et des testicules est un garçon, que le bébé qui naît avec une vulve et un vagin est une fille.
Est-ce être sexiste que de dire cela ?
Discriminer, c’est dire que les peuples d’Asie ont les yeux davantage bridés, que ceux d’Afrique ont la peau noire, que les peuples du Nord ont les cheveux et la peau plus clairs.
Est-ce être raciste que de dire cela ?
Discriminer c’est dire que l’enfant n’est pas l’adulte, que l'homme n'est pas la femme, que le père n’est pas la mère, que le chien n’est pas le chat, que l’employé n’est pas l’employeur etc.
N’est-ce pas indispensable que de savoir, précisément, discriminer ?
Des exceptions et des marginalités changent-elles pour autant la norme, l’histoire, la culture ?
Humilier, maltraiter, harceler, violenter, abuser, transgresser, pour quelle que raison que ce soit d’ailleurs, relèvent oui, de l’attaque à l’intégrité et doit être sévèrement condamné. Mais est-ce davantage condamnable si l’on est une femme, un noir, un blanc ou un homosexuel ? C’est condamnable. Un point c’est tout.
Que le motif soit la misogynie, le racisme ou l’homophobie, il est de toute façon évident que le harcèlement d’autrui relève d’un pouvoir pathologique qui nie l’altérité et abuse de plus vulnérable que lui.
En réalité, pénaliser la discrimination relevait déjà de la sophistique paranoïaque, qui a pour conséquence, aujourd’hui, que lorsque l’on essaie de séparer, de trier, de différencier, d'y voir clair, et surtout, que l’on renvoie au principe de réalité de base, qui dit qu’un petit garçon n’est pas une petite fille, l’on devient stigmatisé, catégorisé et soumis à l’opprobre sociale. C’est-à-dire, et je vais le dire plus clairement, que si l’on ne délire pas, l’on devient persécuté.
Tout ceci est franchement paranoïaque et relève de problématiques tout autant politiques que psychopathologiques (la psychiatrie relevant du registre politique, cf. ma brève « le psy et le politique »), et non simplement sociétales.
Le principe de réalité est la base du non-délire.
Cette table est carrée. Elle est carrée. Elle n’est pas ronde. Si nous la nommons ronde, alors nous ne pouvons plus communiquer avec ceux qui continuent de la voir telle quelle est, c’est-à-dire carrée, et surtout, nous nions la réalité.
Remplacer la réalité par une pseudo-réalité, cela s’appelle : du délire.
Et l’on peut délirer collectivement, par des effets de contagion délirante, l’Histoire l’a montré à plusieurs reprises (cf. ma conférence Paranoia et contagions délirantes).
Alors, par exemple, lorsque l’on dit d’un petit garçon qu’en réalité il n’est pas un petit garçon et qu’il peut choisir son sexe, il se passe plusieurs choses :
1° Déni de réalité : il est né garçon, il doit se construire en tant que garçon, dans le respect de la dialectique de la nature et de la culture dont je vais parler, et aussi de la vie psychique humaine (sans parler des choix d'incarnations, pour les ésotéristes pythagoriciens, ce dernier point est majeur)
2° Perturbation dans la construction de l’identité sexuée
Car si l’on ne sait pas qui l’on est, sur le plan de sa première identité, celle qui est nommée à la naissance « c’est un garçon, c’est une fille », avant même que ne soit attribué un prénom au bébé, comment va-t-on pouvoir se construire ?
Le petit garçon regarde son sexe très tôt, il s’aperçoit des différences et les nomme. Il regarde la différence entre son père et sa mère et la nomme. Ensuite l’enfant s’identifie sexuellement à celui qui est du même sexe, c’est-à-dire qu’il comprend qu’il est « garçon comme papa » ou « fille comme maman ». Il adhère à cette réalité en acceptant sa condition sexuelle.
3° Démesure, actualisation de l’absence de castration, et omnipotence paranoïaque
Le paranoïaque se prend pour Dieu. Il crée à la place du « créateur ».
Il n’hésite pas à contredire et détruire la nature, dans sa toute-puissance et son délire.
Lorsqu’il incite autrui à changer de sexe, c’est-à-dire à s’auto-engendrer, il est dans cette démesure et ce délire mystique.
De plus, ces opérations sont mutilantes, extrêmement douloureuses, et empêchent précisément l’existence du fantasme d’être l’autre sexe, fantasme en soi structurant car il montre le vide, précisément la radicale altérité. Je fantasme car je ne peux pas être, et l’acceptation de cette impossibilité psychique, de cette castration radicale, est extrêmement structurante pour la civilisation.
L’absence d’existence de fantasme est le propre de la psychose, laquelle ne fantasme pas pour créer l’imaginaire et s’y accomplir, mais agit sur le réel par le passage à l’acte.
La paranoïa se caractérise, comme la perversion, par l’impossible renoncement à la castration. Impossible de renoncer à être TOUT.
Or, la première altérité, c’est la discrimination fille/garçon, je suis garçon OU fille, je ne peux pas être les deux, je ne peux pas décider d’être l’autre radical, je dois y renoncer.
Cette castration est l’ancrage fondamental de l’humilité humaine et de la construction psychique. Elle est le gardien du seuil contre la psychose.
Dénier l’existence des différences pour... prôner le respect des différences, cela ne vous dit rien en matière de sophistique paranoïaque ?
L’on comprend mieux pourquoi les totalitarismes ont tout intérêt à introduire de la confusion à cet endroit de l’intime et de l’identité sexuée.
Tout ceci bien évidemment, et il faut que je le précise, n’a rien à voir avec l’homosexualité, qui est un choix de partenaire sexuel et/ou amoureux à l’âge adulte, qui regarde l’intimité du sujet qui fait ce choix. J’aurai l’occasion d’en reparler, mais vu que tout est confondu, je préfère apporter des précisions sur des évidences.
Conclusion de ce premier volet
Les idéologues du « genre » militent pour intervenir dans les écoles très tôt et introduire leur propagande en perturbant les enfants sur des questions qu’ils ne se posent pas, à un âge où ils ne se les posent pas.
Toutes les comparaisons apportées pour étayer l’idéologie relèvent de la sophistique paranoïaque : réduction de l’humain à une fonction (masculin, féminin, neutre), réduction de l’humain à un animal (et vu comment l'humain traite les animaux, c'est inquiétant), réduction de l’humain à des hormones et, plus subtil, réduction de l'altérité radicale des sexes chez l'humain à un seul fait social (un "stéréotype du genre").
Tout ceci, au nom de la tolérance, alors qu’il est clairement intolérant de ne pas supporter sa propre finitude, et de ne pas parvenir à consentir à l’altérité radicale.
Mais comme d’habitude, avec la paranoïa, tout est inversé, jusqu’à choisir un « genre » à l’opposé de son sexe.
Alors, voilà où je voudrais en venir dans ma réflexion : la dialectique philosophique de la nature et de la culture.
Nature ou culture ?
L’être humain est-il un être de nature, ou bien un être de culture ?
A partir du moment où l’humain s’est habillé (pudeur, l’un des premiers signes de civilisation selon le philosophe Hegel, à l’époque où l’on prône l’exhibitionnisme naturiste en plein cœur de Paris, c’est intéressant), où il a commencé à travailler la terre, par l’agriculture, il est sorti de l’état de nature, pour transformer la nature.
Nous ne faisons que cela, transformer les fruits de la nature.
Mais la civilisation, c’est de les transformer pour optimiser, magnifier, glorifier la nature.
Les grands artistes chercheurs d’harmonie ont créé les lois de l’imitation, dont nous pouvons retrouver les fondements dans la Poétique d’Aristote.
La monstruosité survient lorsque l’on appelle "civilisation" ce qui, loin d’optimiser, de sublimer, de magnifier et d’imiter la nature, vient la détruire, la souiller et la nier.
Lorsque l’on nie l’identité sexuée de naissance et que l'on désire la supprimer, l’on nie la nature.
Lorsque l’on dit qu’une femme ce n’est pas seulement des fesses, des seins et des règles, mais un pouvoir créateur, celui de la fertilité, de la Lune, de l’imaginaire, un pouvoir lié à l’eau et à la terre, l’on sublime la nature.
Lorsque l’on dit que le masculin c’est le feu, le soleil, l’action, l’espace, la verticalité, l’on sublime la nature.
Mais on ne la contredit pas.
Lorsque l’on rêve la différence sexuelle dans un symbolisme structurant et structuré par l’idéal, et les mythes qu’il recouvre, l’on permet à l’humain de se sublimer.
Qu’une femme puisse avoir beaucoup d’énergie masculine en elle n’est pas une contradiction, qu’elle joue à l’homme n’est pas une violation non plus.
Qu’une femme décide de se proclamer homme, de changer son sexe et de devenir homme est une contradiction et une violation des lois spirituelles qui sont les lois de la nature.
Dans ce dernier cas, il y a déni, et le déni est le marqueur de la psychose.
Les lois spirituelles (lois de l'esprit, qui s'accordent avec le principe de réalité, dont le vivant et la nature, cf. ma brève Spiritualites et matérialistes) sont les lois d’harmonie de la nature.
Le féminin et le masculin s’allient pour créer, comme le positif et le négatif, comme tous les contraires.
L’on ne crée pas avec du même, mais avec du radicalement différent.
Donc, les référents biologiques initiaux de l'homme et de la femme, comme altérité profonde, doivent exister, et prétendre les "transcender", dès les plus jeunes ages, dans le "genre" ou le "transgenre" relève de la démesure la plus grave qui soit, celle où l'humain s'improvise Dieu.
Ceci est une loi du Cosmos, et comme toute loi du Cosmos (qui signifie Harmonie du monde, chez les Grecs anciens), elle est inviolable, divine, comme celle que défend Antigone face à Créon.
Qu’est-ce à dire ?
Qu’il existe des Lois éternelles, que l’on ne peut violer sans conséquences.
Ces Lois dépassent les civilisations, les religions, les époques. Elles sont transcendantes et référentes, comme les Idées platoniciennes.
Une civilisation qui ne les respecte pas s’expose à des conséquences très graves en termes de destructivité.
C'est cela, la "démesure" pour les Grecs Anciens ("hybris", racine étymologique d'hybridation... à l'heure du "transhumanisme", c'est intéressant...), fléau d'orgueil dévastateur pour les humains qui l'illustrent.
Et le rôle de l’humain, dans son libre-arbitre, est de choisir d’être un gardien spirituel (en esprit) de ces Lois qui relèvent de l'autorité au vrai sens du terme.
Accepter la réalité et sa propre finiture d’humain est essentielle.
Le déni de la différence sexuée, ou générationnelle d’ailleurs, entraîne l’impossibilité à s’inscrire dans le registre symbolique (celui de l’autorité), or l’absence d’inscription dans le symbolisme, c’est la psychose, et en particulier la psychose paranoïaque.
Dénier cette dimension, c’est préparer un futur paranoïaque à l’humanité, ouvrir la voie à la violence, à la haine et au totalitarisme.
En continuant à détruire ces lois, en contribuant à introduire de la confusion chez les enfants, sur ce qui relève de « l’évidence naturelle », pour reprendre un terme du psychiatre Blankenburg (la psychose perd « l’évidence naturelle »), l’on ne fait que cautionner l’extension du totalitarisme et de la psychose paranoïaque dans les collectifs.
Et ce, « au nom de la tolérance, et de la lutte contre les discriminations… », en clamant l'idéal, faire le contraire, pour la plus grande jouissance des pervers.
RV prochainement pour le deuxième volet… portant sur la « parentalité » (autre néologisme paranoïaque).
Ariane Bilheran, normalienne, psychologue clinicienne, docteure en psychopathologie, écrivain.